BIEN PLUS QUE DES SEAUX


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image Larry Taylor*

Peu de temps après que LCROSS ait percuté le cratère Cabaeus près du pôle Sud, l'équipe scientifique, dans son excitation, a annoncé que des seaux d'eau ont été libérés du cratère. Depuis lors, il y a eu des découvertes d’hydroxyles ou d'eau dans de nombreuses régions de la surface lunaire et de nombreux rapports ont montré que de l'eau a été piégée dans les magmas lunaires au moment de leur formation. La Lune est plus humide que certains ne le pensaient. Cela rend moins surprenantes les déclarations du professeur Julius Kelp de Wellman Collège lorsqu'il affirme que les images à haute résolution de CNA et les données des spectromètres du Lunar Mineralogy Mapper ont détecté une preuve irréfutable que les mers lunaires sont en fait des dépôts de sédiments. Les images de CNA, projetées en privé à quelques scientifiques de la Lunar and Planetary Science Conference qui s'est tenue à Houston il y a deux semaines, ont révélé que rainures sinueuses étaient en fait des sources faisant jaillir à la surface d’importantes quantités d’eau chargées de sable composé de fragments de roches mafiques originaires du manteau. Ces sables se sont répandus sous forme de sédiments sur le fond des bassins. Les données spectrales montrent que les fameux points rouges ont été effectivement rouillés, ce qui démontre que l'eau et l'oxygène étaient autrefois abondants sur la Lune. Les mesures réalisées à longues longueurs d'onde de Deviner ont été essentielles pour prouver que le tourbillon formé par Reiner Gamma est en fait un dépôt de sel enrichi en magnétite, qui reproduit fidèlement à la surface la cartographie complexe du champ magnétique lunaire. L'idée selon laquelle la Lune n'a jamais eu d'importantes quantités d'eau à la surface parce que sa gravité était trop faible et sa température trop élevée pour empêcher celle-ci de s'échapper vers l'espace est une idée absurde. Le Dr Kelp propose qu'à l'origine la rotation de la Lune était verrouillée par rapport au Soleil. Une de ses faces étaient en permanence exposée et de ce fait très chaude, et l'autre en permanence dans l'ombre était donc glacée. Toute l'eau amenée à la surface sur le côté chaud s'est évaporée et s'est échappée ou a migré vers le côté froid. La Lumière Cendrée lui a alors fourni suffisamment de chaleur pour éviter qu'elle ne gèle. Et bien sûr, des éruptions d'eau sur la face non éclairée ont rempli les bassins pendant quelques centaines de millions d'années. C'est pourquoi il existe peu de cratères sur les mers - les impacts n'ont générés que des ronds dans l'eau ou de simples éclaboussures, certains ont sculpté d'énigmatiques cratères fantômes. La face cachée actuelle était la face chaude de l'époque et la face visible la face froide. Voilà une façon élégante pour résoudre le problème posé par l'omniprésence des mers sur la face visible alors qu'il existe aussi des bassins sur la face cachée. La NASA et Golden Spike ont accéléré leurs programmes de retour sur la Lune, et, lors d'un entraînement à l’apesanteur dans une piscine, un astronaute a été surpris à demander s’il devait ou non emporter sa canne à pêche.

Chuck Wood
*qui décharge toute responsabilité quant au texte

(traduction Gérard Coute)
lui aussi

Liens
Lunar Rivers. Lingenfelter, R.E., S.J. Peale & G. Schubert (1968) Science 161, 266.
Distribution of Sinuous Rilles and Water on the Moon. Peale, S.J, G. Schubert & R.E. Lingenfelter (1968) Nature 220, 1222.
Evidence for the Pristine Presence of a Lunar Hydrosphere. Gilvarry, J.J. (1964) Publications of the Astronomical Society of the Pacific 76, No. 451, p.245.



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